La crise du coronavirus du point de vue de l’Analyse transactionnelle
Durant les épisodes de crises, nous avons pu remarquer que plusieurs facteurs entrent en jeu pour mettre au premier plan nos croyances, nos émotions et limiter notre pensée. En analyse transactionnelle nous dirions que les systèmes Enfants (émotions) et Parents (ici sous forme de croyances) prennent le pas, de manière négative et significative, sur notre système Adulte (réflexions et objectivité dans l’ici et maintenant). Le problème n’est pas tant de dire qu’un système est meilleur qu’un autre (bien au contraire !) car nous avons besoin des 3 tout le temps ; le problème est qu’ils ne coopèrent plus ensemble de manière fluide. Le Parent et l’Enfant ont tendance à étouffer l’Adulte lorsque nous nous sentons submergés et angoissés durant des périodes de haut stress comme nous en connaissons en ce moment même ; nous pouvons constater que notre capacité à prendre du recul et à réfléchir semble quelque peu inhibée et nous nous sentons mal. Si nous ajoutons à cela un confinement salvateur mais vécu comme une privation de liberté, nous pouvons dire que c’est le pompon pour notre liberté psychique !
Alors, que peut-il se passer à l’intérieur de nos têtes ?
Un contexte d’épidémie constitue, par l’incertitude et l’anxiété qui le caractérisent, un puit sans fond d’angoisse dont les vecteurs d’expression favoris sont la rumeur (les fameuses fake news) et les croyances ancrées dans nos esprits par notre entourage depuis tout petit. Rumeurs et croyances réactivent et mobilisent des affects anciens et symboliques déjà présents dans la mémoire collective et individuelle de chacun. Nous pouvons prendre pour exemple l’idée, qu’inconsciemment, une telle épidémie frapperait l’homme pour le punir, expression d’une potentielle culpabilité inconsciente : après tout, nous l’aurions bien cherché après tant d’excès, de consommation, de liberté, de profits voire de bonheur même, n’est-ce pas ? Nous serions responsables, voire coupables de ce qu’il nous arrive et chacun, en son fort intérieur peut trouver une source pour alimenter ce fantasme toxique pour lui.
Une épidémie telle que nous la vivons désorganise le tissu social et nous fait perdre les repères essentiels de temps et d’espace, liés à la situation du confinement. Notre besoin de structuration du temps et notre soif de signes de reconnaissance, comme dirait Eric Berne, le fondateur de l’analyse transactionnelle (AT), semblent mis en péril ; notre réalité et notre monde intérieur sont à retrouver et à réinventer car nous analysons la situation et y réagissons en suivant nos schémas de réponses en état de stress (ce que nous appelons “messages contraignants” ou “Drivers” en AT) : nous essayons d’être parfaits, forts, d’agir vite, de faire des efforts, de faire plaisir à chacun etc... et...résultat : trop de pression ! Nous avons tendance à nous oublier en tant qu’individu. Ainsi ayons soin de prendre notre temps, de nous rappeler les consignes de sécurité dans les avions qui, loin d’être des gestes égoïstes permettent de sauver la vie d’autrui et la nôtre :
“Tirez sur le masque pour libérer l’oxygène. Placez-le sur votre visage. Une fois votre masque ajusté, il vous est possible d’aider d’autres personnes.“
Car si je suis moi-même à bout (de souffle) comment puis-aider l’autre? Alors prenez soin de vous, soyez indulgents avec vous-mêmes, autorisez vous des moments de retrait, pour être en mesure de vivre le plus sereinement possible cette période de confinement avec ceux que vous aimez.